Chambre 1-B

La clé entre ses doigts, ses sacs en bandoullière, Genzô n'avait mis que très peu de temps à grimper les marches d'escalier qui séparaient le hall du premier étage. Et oui, sportif avant tout il fallait dire ! Et tout était bon pour faire un peu de sport ! Dommage qu'il n'avait pas un ballon dans le coin, sinon, il serait monté à l'étage en jonglant un peu. Bin ouais, c'était toujours un peu marrant, même si le jonglage n'était pas vraiment sa spécialité. Sa spécialité ? Rattraper les ballons bien sûr ! Et il était bon dans ce domaine !

Bref. Il arriva alors devant la chambre 1-B. Il mit la clé dans la serrure et poussa la porte avec son pied. Là, il squatta la première chambre qui se trouvait sur la gauche. En fait, Genzô n'avait pas envie de traverser le petit couloir pour rejoindre l'autre chambre. Gros feinéant lui ? Non, pas vraiment. Mais quand il avait pas envie de faire quelque chose, et bin, il ne le faisait pas.

Genzô déposa alors ses sacs sur le premier lit qu'il trouvait. La chambre était cool et il se demandait qui serait son deuxième co-locataire. Peut-être Tsubasa ? Ouais, il fallait que ce soit Tsubasa ! Au moins, ils pourraient parler de pleins de trucs, de stratégies, et puis d'autres choses toutes aussi importantes ! Genzô soupira. Il ouvrit un de ses sacs, récupéra une serviette, un gel douche, et sortit quelques nouvelles fringues. Quant au reste, il le jeta dans la commode sans même prendre le temps d'y ranger. Il le ferait plus tard. Pourquoi s'en occuper maintenant alors qu'il venait d'arriver ?

Genzô déposa sa casquette sur l'un des bureaux, le plus proche toujours, récupéra les quelques affaires qu'il avait sorti et se dirigea direct dans la salle de bain où il se dézappa. Et de là, il fit couler l'eau. Bref, une bonne petite douche comme il les aimait ! Ca allait lui faire du bien, pour sûr !

Dans les escaliers, Shaylee expliqua à Ken ce qu'elle comptait faire. En somme, elle allait rentrer dans la chambre de Genzô, fouiner dans ses affaires pour récupérer toutes ses casquettes, que dis-je, ses précieuses casquette qu'il affectionnait beaucoup. Elle ressortirait pour aller les planquer dans sa chambre et là, ce serait à Ken d'intervenir, en frappant à la porte de la salle de bain pour lui dire qu'il avait vu ses casquettes prendre la poudre d'escampette ! C'était qu'une petite blague ... Parce qu'elle lui aurait bien fait le coup de la douche froide mais bon, si un autre était en train de prendre sa douche au même moment, il n'apprécierait très certainement pas ... Et surtout, il ne comprendrait pas pourquoi, indirectement, il était la cible de la charmante rouquine.

Shaylee et Ken arrivèrent alors dans le couloir. Sur la pointe des pieds, elle s'avança vers la chambre 1-B qui avait la porte un peu entrouverte. Elle la poussa légèrement. Pas chance, la porte ne grinçait pas. Heureusement d'ailleurs, sinon, ça aurait fait foirer tout le plan ! Bref. Wakabayashi était sous la douche. Comment le savait-elle ? Bin, elle écoutait l'eau qui devait ruisseler sur les parois du carrelage.

Shaylee s'avança encore un peu et poussa une autre porte. Bingo, la chambre de Genzô. Comment le savait-elle ? Tout simplement parce qu'il y avait sa casquette rouge sur le lit, près de son oreiller. Elle s'empressa, sans faire de bruit, de récupérer ledit objet tant convoité et s'approcha alors de la penderie. Bon, ce n'était pas très bien vu de fouiner dans les affaires d'un garçon mais bon, pas bien grave. Et puis, elle ne risquait pas de tomber sur des trucs ... Comment dire ... Masculins puisqu'elle savait où il les rangeait dans ses sacs. Et bin oui, elle l'avait cotoyé pendant quatre ans, donc, elle savait ses petites manies.

Bref. Elle ouvrit la penderie et attrapa le premier sac. Elle le prit avec ses petites mains. Vin dieu ! Il était lourd ! Genzô avait mis du plomb ou quoi ?! Shaylee manqua de le lâcher mais non. Elle parvint à le poser au sol avant de laisser tout tomber. Bref, elle dézippa la fermeture et attrapa un plus petit sac qui était à l'intérieur du grand. Elle l'ouvrit. C'était bien ce qu'elle venait chercher. Il y avait des casquettes de toutes les couleurs. Des bleues, des vertes, des blanches, des rouges, des noirs ... Une ribambelle de casquettes ! Avec des symboles japonais, des mots en allemand, d'autres symboles et bien sûr, les iniatiales de ses surnoms.

Shaylee posa alors le plus petit sac sur le lit, près de l'autre casquette rouge et referma la fermeture du plus grand sac. TOujours avec ses petites mains et ses petits bras, tant bien que mal, elle remit le sac dans la penderie et referma le tout. Elle récupéra alors le petit sac et mit la casquette rouge sur sa tête. Bien sûr, c'était trop grand mais bon. Elle sortit alors de la chambre et fit un signe à Wakashimazu. La deuxième partit du plan pouvait se mettre en route. Maintenant, elle devait filer et planquer le tout.

Shaylee poussa la porte et disparut de son champ de vision.
« Je suis carrément taré de m’être fait embarqué dans un tel truc. Wakabayashi va m’étriper, l’étrangler avec mes intestins et me pendre par les pieds aux cages de but…»

Ken retint un soupir et s’appuya contre le mur. Il était trop sérieux. Il avait besoin de se défouler… Ou peut-être avait-il peur de Genzô… Hein ? Comment son esprit avait-il pu formuler cette hypothèse ? Il n’eut pas le temps de pousser plus loin son introspection…Déjà Shaylee passait devant lui en courrant, une casquette rouge sur la tête et un sac sous le bras. Elle lui fit un signe « pouce en l’air » auquel il répondit immédiatement, charmé par son grand sourire malicieux.

« Ben voilà… je ne peux plus reculer maintenant, j’ai pris le parti de Miss Folledingue…»

Il poussa la porte en grand, et hésita un instant devant le choix des portes. Se guidant aux bruits, il toqua à une porte et entra dans une pièce pour l’instant vide, mais clairement récemment occupé. Son moment d’hésitation avait peut-être permit à Shaylee de gagner de précieuses secondes…
– « Euh, Wabayashi? Une fille vient de passer en courant dans les escaliers avec ta casquette sur la tête… C’est normal ça ? »

Jouons-le pur et innocent. Ken était pur et innocent. .... même lui n'y croyait pas...

Genzô était en train de se mirer dans la glace pour regarder s'il n'avait pas quelques poils qui dépassaient par ci par là. Mais non, rien, tout était nickel. Il venait d'enfiler un pantalon mais il était encore torse nu, et aussi pieds nus. Il n'avait pas eu le temps de sécher ses cheveux vraiment. Et puis, il ne le ferait pas de toute manière. Ils sécheraient bien tout seul. Bref, il était sur le point d'enfiler un tee-shirt quand il entendit qu'on frapper à la porte. Genzô fit un pas en arrière et vit alors Ken qui venait de pénétrer dans la pièce.

"Y'a un problème Wakashimazu ?"

Effectivement, oui, il y avait un problème. Une fille venait de passer en courant dans les escaliers avec sa casquette sur la tête ... Attends ... Sa casquette ? La rouge ? Avec ses initiales ? Celle qui était taillée pour sa tête et pour aucune autre tête ? O_O Genzô en lâcha son tee-shirt.

"Tu déconnes Wakashimazu ?!"

Mais vu la tête que faisait son comparse gardien, non, il ne blaguait pas, il ne déconnait pas. Mais qui ? Qui pouvait lui chourrer ses casquettes dans le complexe ?

"Elle est partie par où cette voleuse ?!"

Genzô était hors de lui. On pouvait toucher à ses affaires, mais à ses casquettes, ça non ! Il y tenait beaucoup ! Surtout cette rouge là !

"Vite vite Wakashimazu ! Vers où !"

Genzô était ... dépité. Son visage partait en déconfiture ... Et Ken qui ne se pressait pas plus que ça pour répondre.

Ken était en fait en train de se retenir pour ne pas éclater de rire devant l’air affolé de Wakabayashi. On dirait une poule qui tournait en rond en gloussant pour appeler ses petits poussins qu’elle aurait perdue.
– « Elle avait aussi un petit sac sous le bras… Est-ce qu’elle t’aurait volé autre chose que ta casquette ? Tu ferais mieux de vérifier…» susurra-t-il. Cela risquait d’aiguillonner le gardien sur la piste de Shaylee mais cela lui donnait encore plus de temps pour se cacher.

Ken regarda le germanique d’importation mugir un truc tout en se précipitant vers son armoire dont il ouvrit les portes tellement fort qu’elles lui revinrent dans le dos. Genzô se retrouva projeter dans la penderie. Le joueur de la Tôhô était écarlate et essuya les larmes de rire qui perlaient à ses yeux.

Il eut une série de « clanc clanc » et Genzô surgit en se débattant avec une chemise. Il la jeta à terre et s’empara d’un sac dont il retourna le contenu près de la chemise. Là, il y eut un meuglement indistinct, probablement de l’allemand, qui dû résonner dans tout le complexe. Puis Ken se retrouva empoigné par le col du T-shirt :
– « OU EST CETTE FILLE? »
– « Elle est partie dans les escaliers…» Ken tendit le bras vers la porte.

Genzô le lâcha et sprinta dans le couloir. Ken arrangea sa tenue avec un sourire. Il n’avait pas dit si Shaylee était montée ou descendue. Il ouvrit la fenêtre et se pencha, en tendant la main.
– « Psssst, Kuroshima?! Allez, hop !!! »

Clairement, la chambre de Genzô était bien le dernier endroit auquel il aurait pensé se cacher, mais à la réflexion, c’était une bonne cachette… Il n’irait jamais chercher là…

Mais où était-elle ?

Ken ajouta que la petite voleuse avait aussi embarqué un petit sac. Damned ! Pas son sac perso où se trouvait toutes ses casquettes ! Du moins, Genzô espérait qu'il soit toujours dans sa penderie ! Aussitôt après cela, Genzô poussa un juron en allemand et se rendit dans sa chambre. Il avait, au passage tout de même, ramassé son tee-shirt qui traînait dans la salle de bain. Bin oui, même s'il le faisait souvent chez lui, il n'allait pas laisser traîner ses affaires au sol dès le premier jour.

Bref, il jeta son tee-shirt sur son lit et là, il ouvrit direct la commode, un peu violemment d'ailleurs. Le battant des portes était venu le percuter. Aoutch ... Heureusement que Genzô avait le dos solide ! Normal après tous les poteaux de cage qu'il s'était pris ! D'ailleurs, il ne les comptait plus tellement que cela lui arrivait souvent ces derniers temps, surtout avec cette brute de Karl. Mais là n'était pas là le sujet. Revenons à nos moutons.

Genzô était en train de s'énerver avec son sac. Il jura plusieurs fois en allemand, ah, vieille habitude, quand tu nous tiens ! Et puis, il se tourna vers Ken et l'empoigna par le col. Il n'y était pour rien le pauvre mais bon, il avait vu le coupable et il n'avait rien fait pour l'empêcher de fuir !

"Où est cette fille ?!!"

Ken lui indiqua qu'elle était partie dans les escaliers. Haut ou en bas ? Il n'avait pas dit. Mais Genzô l'avait, sitôt, relâché, et après avoir empoigné sur tee-shirt qu'il enfila sur le tas, Genzô se précipita à l'extérieur de sa chambre, pieds nus. C'était mauvais car il manqua de glisser. Bin oui, ses pieds étaient encore un peu mouillés et le sol était glissant. Mais par chance, il réussit à se rattraper. Genzô poussa encore quelques jurons en allemand et emprunta l'escalier. Haut ou bas ? Son instinct lui disait d'aller vers le bas. Il trouverait bien âme qui vive et qui aurait vu le voleur en question.

Le sac de Genzô en bandoullière, la casquette rouge sur sa tête, depuis sa chambre, la petite peste avait écouté la discussion entre Ken et Genzô. Fallait dire que ce dernier n'avait pas contenu ses grognements et que donc, il avait pu être écouté des kilomètres à la ronde. Il avait dû rameuter pas mal de monde mine de ! En tout cas, cela faisait grandement rire Shaylee mais elle se retenait d'exploser de rire sinon, on l'aurait remarqué. Bin oui, les murs n'étaient pas bien épais dans le complexe. L'architecte avait fait un travail de cochon, du moins, c'était ce que pensait Shaylee. Au moins, l'architecte de son père, quand il dessinait, et bin, il faisait pas de petits murs ! Dans un hôtel d'ailleurs, mieux vallait-il que les murs soient épais.

Bref. Shaylee avait ouvert la fenêtre de sa chambre. Elle ne pouvait pas repasser par le couloir, Genzô pouvait peut-être y être encore. Et puis, si elle se faisait prendre déjà, c'était pas drôle. Elle regarda alors les alentours. Les murs avaient été faits de telle sorte qu'on pouvait faire de l'escalade sur ce dernier. De très bonnes prises et en plus, il y avait des petites avancées en béton vers chaque fenêtre. Shaylee se frotta les mains. La chambre de Genzô était pratiquement à côté de la sienne, donc, les fenêtres n'étaient pas loin l'une de l'autre.

Shaylee grimpa sur le rebord de la fenêtre et se plaqua contre le mur. De là, elle passa ses fins doigts dans les ... comment dire, des espèces de gouttières et puis, elle se rendit de l'autre côté. Un spectacle acrobatique ! Heureusement que y'avait personne dans les environs. Bref, elle entendit alors un Psssst qui l'appelait et une main passa à travers la fenêtre de Genzô qui venait de s'ouvrir. Shaylee attrapa la main de Ken.

"On me cherchait ?" répliqua-t-elle.

Wakashimazu l'aida à rentrer dans la chambre ...

– « Ça va?»
Il avait eu un peu peur. Elle était passée par la fenêtre, mais en crabe. Lui avait compris qu’elle monterait le mur depuis le jardin en bas. Donc elle lui avait foutu les boules.
– « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On range les casquettes et on va manger ?»
C’est qu’il avait faim et il était déjà 19h20… Et faire tourner Genzô en bourrique, cela demandait de l’énergie.
– « Au besoin, on pourra toujours recommencer... Mais je te conseille de garder la casquette rouge…. NOOOOON, je sais… on devrais les lui rendre une par une… Genre jeu de piste…»

Shaylee avait mauvaise influence sur lui. Il ne s’était jamais découvert autant d’imagination pour les embrouilles et les mauvais tours. Mais elle était un bon complice. C’était peut-être ce qui lui manquait. Ken se tourna vers elle, attendant la réponse à ses suggestions...

Une autre main l'avait aidée à rentrer dans la chambre. Shaylee retrouvait le plancher des vaches et un Ken qui faisait une drôle de tête. S'était-il inquiété pour elle ? Oh, s'il savait tout ce qu'elle avait pu faire par le passé, il ne serait pas au bout de ses peines.

"Mais oui, je vais bien."

Shaylee réajusta la casquette rouge. Nyark nyark nyark. Avec sa petite tête, elle allait très certainement la déformer et vive la vengeance de Wakabayashi après cela. A moins qu'il n'en fasse rien. Allez savoir, avec lui, ses réactions étaient toujours étranges. Bref, Ken demanda à Shaylee ce qu'ils faisaient maintenant. Allaient-ils ranger les casquettes et iraient-il manger ? Ouais, il était grand temps de manger. Wakashimazu lui conseilla de garder la casquette rouge. Bien sûr qu'elle la gardait pour le moment ! Mais bon, en descendant manger avec les autres, Genzô serait dans le coin et comprendrait le fin mot de l'histoire. C'est alors que Wakashimazu lui proposa de les rendre une par une, faisant une sorte de jeu de piste.

"Good idea !" répliqua-t-elle en levant un de ses pouces.

Mais pour le moment, elle rangerait les casquettes ... Dans sa chambre ! Elle n'allait pas les lui rendre tout de suite, ce ne serait pas marrant.

"On passe par ma chambre et on va manger Ken ?"

– « Ouais, on fait ça… Tu lui en laisses une? »
Ken haussa une épaule. Il avait très faim maintenant que l’excitation était retombée. En fait, il avait un gros coup de fatigue. Il fallait dire que plein de choses lui était arrivé en une après-midi.
– « J’espère que tout le monde viendra pour le repas… A part Kojirô, il avait un truc à faire… »

Le gardien passa le nez par la porte et scruta le couloir. Pas de Genzô en vue… Il fit un signe à Shaylee qui traversa le couloir rapidement sur la pointe des pieds. Lui-même bougea aussi doucement et se glissa dans le petit corridor dans le coin des filles. Toutefois, il ne rentra pas dans la chambre de la rouquine, préférant rester appuyé contre le mur. Il ne voulait pas envahir son intimité. Réalisant que sa pensée pouvait être très mal interprétée s’il venait à l’énoncer de vive voix, il rougit profondément. Heureusement que le couloir était sombre.

Il entendait Shaylee farfouiller dans sa chambre. Apparemment elle planquait les casquettes. Peut-être que Genzô viendrait, lui, dans la pièce. Et cette pensée alluma une petite colère en lui. De quel droit ce mec pouvait-il se prétendre si familier avec Kuroshima ? Ils avaient peut-être vécu en Europe mais ici c’était le Japon
…
..
.
Mais Kuroshima et Wakabayashi n’avaient rien fait…
Il délirait… Il était temps d’aller manger et dormir.

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